Les nœuds autobloquants

Les nœuds autobloquants

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Les nœuds autobloquants

Les nœuds autobloquants sont systématiquement utilisés pour l’auto-assurance lors des rappels, l’assurage d’un second en escalade, ou pour les manœuvres de secours, telles que l’auto-sauvetage ou mouflages en crevasse. Ils permettent aussi de remonter sur une corde fixe.

Il existe de nombreux nœuds autobloquants, souvent à choisir suivant la situation, chacun ayant ses avantages et ses inconvénients. Ces nœuds sont réalisés soit avec un anneau de cordelette ou de sangle fine, soit avec un bout de cordelette, soit avec l’extrémité de votre propre corde, soit avec un ou deux mousquetons. Pour la majorité des nœuds, le diamètre de la cordelette devra être inférieur au diamètre de la corde principale.

Les nœuds autobloquants coulissent le long d’une corde ou des deux brins de corde lors d’un rappel en les maintenant avec une main, mais se bloquent en se resserrant si on les lâche.

Au niveau des pratiquants, on en connaîtra juste quelques uns, faciles à retenir, à faire et à contrôler. On les maîtrisera bien et on les aura testés en bas, au chaud et au calme !

On préfèrera les nœuds qui se  desserrent facilement après avoir été mis sous tension.

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Les nœuds autobloquants

Les différentes catégories de nœuds autobloquants (liste non-exhaustive).

Ceux qui servent plus pour l’assurage.

  • Nœud de Cœur
  • Lorenzi
  • Demi-cabestan autobloquant
  • Nœud Rémy

Ceux qui ne bloquent que dans un sens.

  • Nœud Français
  • Nœud Machard tressé
  • Nœud Valdotain
  • Nœud Hedden
  • Nœud de Bachman
  • Nœud Polonais
  • Nœud Souabe
  • Nœud Prohaska
  • Nœud de Blake
  • Boucles autodébloquantes de Chisnall (2 versions)
  • Nœud Distel

Ceux qui bloquent dans les deux sens.

  • Nœud Prusik
  • Nœud de Machard

Ceux que l’on peut faire avec sa corde (même diamètre).

  • Nœud Valdotain
  • Nœud Polonais

Les nœuds autobloquants détaillés

Ceux qui servent plus pour l’assurage.

  • Nœud de Cœur

Réalisé avec deux mousquetons simples et identiques (de même hauteur), il permet d’assurer un second de cordée depuis le relais, mais peut aussi permettre de remonter sur une corde fixe en l’utilisant au niveau de la pédale de pied.

Bien que le blocage soit efficace, ce nœud n’est pas très sûr.

Avantage : le leader peut lâcher la corde ; remplace une plaquette autobloquante

Inconvénient : difficile de donner du mou au second quand la corde est sous tension

Coeur 1 Coeur 2

Placer les deux mousquetons sur le relais (sangle, cordelette ou mousqueton de sécurité). Faire passer la corde dans les deux mousquetons.

Coeur 3 Coeur 5

Faire le tour des deux mousquetons puis passer la corde entre les deux mousquetons. Tester le blocage avant que le grimpeur ne démarre.

  • Lorenzi

Il permet d’assurer un second de cordée depuis le relais. Nécessite deux mousquetons de sécurité.

Avantage : le leader peut lâcher la corde ; remplace une plaquette autobloquante

Inconvénient : difficile de donner du mou au second quand la corde est sous tension

Lorenzi 1 Lorenzi 2

Passer la corde dans un mousqueton de sécurité, puis effectuer un tour mort.

Lorenzi 3 Lorenzi 4

Remonter le nœud vers le haut à l’arrière du mousqueton. Installer un second mousqueton sous le nœud et y passer les deux brins de corde.

Lorenzi 5 Lorenzi 6

Ne pas oublier de verrouiller les mousquetons de sécurité. Tester le blocage avant que le grimpeur ne démarre.

  • Demi-cabestan autobloquant

Il permet d’assurer un second de cordée depuis le relais, en transformant un demi-cabestan en un nœud qui bloque. Nécessite deux mousquetons de sécurité.

Avantage : le leader peut lâcher la corde ; remplace une plaquette autobloquante

Inconvénient : difficile de donner du mou au second quand la corde est sous tension

Demi-cabestan autobloquant 1 Demi-cabestan autobloquant 2

Sur un mousqueton de sécurité, faire un demi-cabestan avec la corde. Soulever le nœud puis passer un deuxième mousqueton de sécurité dans le croisement des cordes. Passer enfin la corde du second dans le mousqueton.

Demi-cabestan autobloquant 3

Le système est prêt. Tester le blocage avant que le grimpeur ne démarre.

  • Nœud Rémy

Réalisé avec deux mousquetons simples et identiques (de même hauteur), il permet d’assurer un second de cordée depuis le relais. C’est une variante du nœud de cœur.

Avantage : le leader peut lâcher la corde ; remplace une plaquette autobloquante

Inconvénient : difficile de donner du mou au second quand la corde est sous tension

Rémy 1 Rémy 2

Placer les deux mousquetons sur le relais (sangle, cordelette ou mousqueton de sécurité). Faire passer la corde dans les deux mousquetons. Faire le tour des deux mousquetons.

Rémy 3 Rémy 4

Effectuer alors une demi-clé avant de passer entre les deux mousquetons. Tester le blocage avant que le grimpeur ne démarre.

Ceux qui ne bloquent que dans un sens.

  • Nœud Français

Réalisé avec une cordelette, le nœud autobloquant français unidirectionnel est appelé également Machard français, créé par Serge Machard dans les années 60.

Avantage : se fait et se démonte facilement ; bloque bien sur cordes gelées

Inconvénient : se débloque plus difficilement qu’un nœud Machard une fois mis sous tension ou avec une corde mouillée.

Machard Français 1 Français 2

Avec la cordelette, faire au moins 4 tours autour de la corde. Descendre la boucle du haut puis passer la boucle du bas dans cette boucle. Mettre un mousqueton de sécurité. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Nœud Machard tressé

Réalisé avec une sangle fine ou une cordelette, il est très facile à mettre en œuvre.

Avantage : se fait et se démonte facilement ; le plus facile à débloquer une fois sous tension.

Inconvénient : peut glisser sur cordes gelées

Machard tressé 1 Machard tressé 2

Passer la sangle en son milieu derrière la corde, puis commencer à la croiser sur le devant.

Machard tressé 3 Machard tressé 4

Continuer à tresser la sangle en passant alternativement devant et derrière. Finir en passant les deux boucles dans un mousqueton de sécurité. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Nœud Valdotain

Le principal avantage de ce nœud est de le réaliser avec le bout d’un des brins de la corde de descente (ou de remontée). Il est donc intéressant, voir essentiel de le connaître.

Avantage : si on a pas de cordelette, se réalise avec le bout de la corde

Inconvénient : demande une maîtrise absolue du nœud, fonctionne mal sur cordes gelées

Valdotain 1 Valdotain 2

Prendre un morceau de cordelette, et en descendant, enrouler cette cordelette sur 8 à 9 tours autour de la corde. Avec la partie libre du bas de la cordelette et le reste du haut, faire un nœud de Chaise.

Valdotain 3 Valdotain 4

Bien ajuster et serrer le nœud. Terminer par un nœud d’arrêt. Tester le blocage avant de l’utiliser.

Valdotain 5

Le nœud réalisé avec un des brins de la corde.

  • Nœud Hedden

C’est un nœud autobloquant inventé en 1960 par Chet Hedden.

Avantage : C’est un nœud de dépannage pour réaliser un autobloquant quand on a qu’une petite cordelette

Inconvénient : Il est moins sûr qu’un nœud Français ou qu’un Machard

Hedden 1 Hedden 2

Passer la cordelette derrière la corde, puis repasser devant vers le haut.

Hedden 3 Hedden 4

Poursuivre en repassant derrière, puis devant, pour passer enfin dans la boucle du bas.

Hedden 5 Hedden 6

Serrer le nœud. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Nœud de Bachman

D’origine autrichienne, le nœud de Bachman est le plus ancien des nœuds semi-mécaniques. Il est beaucoup plus aisé à faire coulisser que le nœud de Prusik, entre autres. Il convient également très bien aux cordes mouillées et gelées.

Avantage : On dispose d’une « poignée d’ascension » bon marché ; efficace également sur cordes mouillées ou gelées

Bachman 1 Bachman 2

Mettre un mousqueton de sécurité sur la cordelette. Passer la cordelette derrière la corde et plaquer le mousqueton le long de cette corde.

Bachman 3

Faire plusieurs tours autour de la corde et en passant dans le mousqueton à chaque fois. A la boucle restante, mettre un mousqueton de sécurité. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Nœud Polonais

C’est un nœud autobloquant pouvant être réalisé avec un des brins de la corde.

Avantage : Très utile quand on a plus rien d’autre pour réaliser un autobloquant

Inconvénient : peut glisser sur cordes neuves ou gelées ; doit absolument être bien serré avant d’être mis sous tension

Polonais 1 Polonais 2

Passer la corde ou la cordelette devant la corde et faire 6 tours autour en remontant. Passer l’extrémité du brin libre sous le brin inférieur.

Polonais 3 Polonais 4

Remonter le brin libre pour le faire passer dans l’avant-dernier tour en haut. Bloquer ce brin par un nœud simple (d’arrêt) et bien le serrer. Tester le blocage avant de l’utiliser.

Polonais 5

Le nœud Polonais avec la corde.

  • Nœud Souabe

C’est un nœud autobloquant réalisé avec un bout de cordelette.

Avantage : facile à faire et à contrôler ; se déverrouille facilement

Inconvénient : doit être bien serré avant d’être mis sous tension

Souabe 2 Souabe 3

Faire un nœud de huit à chaque extrémité de la cordelette. Passer la cordelette en double derrière la corde en gardant le brin supérieur un peu plus long. Passer les 2 bouts dans la boucle en Tête d’alouette.

Souabe 4 Souabe 5

Repasser le brin du haut 2 autres fois autour de la corde, et entre la corde et la cordelette.

Souabe 6 Souabe 7

Il y a bien 3 tours avec le brin supérieur et 1 tour avec le brin inférieur. Serrer le nœud et passer un mousqueton de sécurité dans les deux bouts de cordelette. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Nœud Prohaska

Nœud autobloquant avec mousqueton qui peut se faire avec une sangle fine.

Avantage : peut se réaliser avec une cordelette ou une sangle ; se démonte facilement ; bloque bien sur cordes gelées

Prohaska 1 Prohaska 2

Prendre la sangle et la corde dans un mousqueton de sécurité, et en remontant, faire 4 à 5 tours morts avec la sangle autour de la corde.

Prohaska 3 Prohaska 4

Revenir par derrière pour passer la sangle dans le mousqueton. Mettre un 2e mousqueton de sécurité. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Nœud de Blake

Le nœud de blake, aussi appelé blake knot en anglais, est très utile, et ressemble fort à l’autobloquant Polonais. Afin de faire varier la fluidité du nœud de blake, on peut faire plus ou moins de tours et faire repasser la corde dans plus ou moins de torons.

Avantage : facile à faire et à mémoriser

Inconvénient : doit être bien serré avant d’être mis sous tension

Blake 1 Blake 2

Prendre un bout de cordelette et faire un nœud de huit à une extrémité. Passer le brin libre sous la corde et effectuer 6 tours en remontant.

Blake 3 Blake 4

Redescendre ce brin libre et passer derrière l’autre brin (celui avec le nœud). Passer maintenant le brin libre entre les 3 premiers torons du bas et la corde.

Blake 5 Blake 6

Serrer le nœud en tirant sur le brin libre et finir par un nœud d’arrêt. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Boucles autodébloquantes de Chisnall (2 versions)

Inventés par le canadien et alpiniste Bob Chisnall, ces nœuds se réalisent avec un simple brin de cordelette, dont l’un des bouts est muni d’un nœud de huit permettant le passage d’un mousqueton de sécurité. La traction sur un des brins provoque le blocage du nœud sur la corde, tandis que la traction sur l’autre brin permet de desserrer les tours qui bloquent le nœud sur la corde, provoquant de fait le coulissement du nœud. Il existe en 2 variantes ayant chacune leurs avantages et leurs inconvénients : avec charge en haut ou avec charge en bas.

Sur les photos, l’extrémité avec le nœud de huit constitue le bout de charge.

Avec la charge en bas

Avantage : plus fiable qu’un nœud Prusik

Inconvénient : réalisation plus compliquée que la version avec charge en bas ; un nœud réservé aux amoureux des nœuds compliqués

Chisnall 1 Chisnall 2

Réaliser une boucle où le brin de charge passe devant le brin libre et sur la corde. Passer le brin de charge derrière la corde et le brin libre.

Chisnall 3 Chisnall 4

Le faire passer à l’intérieur de la boucle du haut, formant ainsi une seconde boucle au-dessous de la première. Passer le brin de charge derrière la corde, puis faire plusieurs tours (minimum 4) autour de la corde, en descendant.

Chisnall 5 Chisnall 6

Passer le brin de charge dans la boucle du bas, en le passant bien par-dessus la corde et le brin libre. Repasser dans la boucle.

Chisnall 7 Chisnall 8

Serrer bien le nœud et passer dans le nœud de huit un mousqueton de sécurité.

Chisnall 9

Tester le blocage avant de l’utiliser.

Avec la charge en haut

Avantage : plus simple à réaliser que la version précédente

Inconvénient : doit être bien serré avant d’être mis sous tension

Chisnall bas 1 Chisnall bas 2

Réaliser une boucle où le brin de charge passe par-dessus le brin libre. Passer le brin de charge derrière la corde puis dans la boucle.

Chisnall bas 3 Chisnall bas 4

Faire plusieurs tours (minimum 4) autour de la corde et dans la boucle en remontant. Bien serrer le nœud. Mettre un mousqueton de sécurité dans le nœud de huit. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Nœud Distel

Encore un nœud réalisé avec un bout de cordelette.

Avantage : se retient et se fait facilement

Inconvénient : difficile à desserrer après une forte traction

Distel 1 Distel 2

Faire un nœud de huit à chaque extrémité de la cordelette. Passer la cordelette devant la corde (le morceau du haut sera plus long). Effectuer 4 tours autour de la corde en remontant.

Distel 3 Distel 4

Passer devant le brin du bas. Repasser derrière la corde et venir enfiler ce brin dans l’espace sous l’autre brin (effectuer donc un cabestan avec les 2 bouts).

Distel 5 Distel 6

Bien serrer le nœud. Passer un mousqueton de sécurité dans les deux bouts de cordelette. Tester le blocage avant de l’utiliser.

Ceux qui bloquent dans les deux sens.

  • Nœud Prusik

Un classique. Réalisé avec une cordelette, le Prusik (Dr Karl Prusik, 1931) est le seul nœud symétrique.

Avantage : se retient et se fait facilement ; le plus sûr sur cordes gelées

Inconvénient : doit être confectionné avec soin pour être efficace ; difficile à desserrer après une forte traction

Prussik 1 Prussik 2

Passer la cordelette autour de la corde et effectuer une Tête d’alouette.

Prussik 3 Prussik 4

Poursuivre en faisant trois ou quatre tours. Bien positionner les brins pour éviter tout chevauchement. Mettre un mousqueton de sécurité sur la boucle. Tester le blocage avant de l’utiliser.

  • Nœud de Machard

Un classique. Réalisé avec une cordelette, le Machard est un nœud autobloquant inventé en 1961 par le grimpeur marseillais Serge Machard.

Avantage : se fait et se démonte facilement ; un des plus sûrs sur cordes gelées

Inconvénient : bloque moins bien qu’un nœud Prusik sur cordes gelées

Machard Français 1 Machard 2

Avec la cordelette, faire au moins 4 tours autour de la corde ; descendre la boucle du haut puis passer les deux boucles dans un mousqueton de sécurité. Tester le blocage avant de l’utiliser.

Les nœuds autobloquants en Vidéo

Et maintenant, voici la vidéo sur la confection de ces nœuds autobloquants.

 

N’hésitez pas à me laisser un commentaire…

 

Bien sûr, si vous ne vous sentez pas de partir seul, n’hésitez pas à faire appel au service d’un professionnel de la montagne et de l’escalade.

 

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